Qu’est-ce que l’enfant intérieur ?
L’enfant intérieur n’est pas l’enfant que nous étions. Il est l’enfant actuel qui vit en nous, avec ses blessures, avec les mémoires émotionnelles et physiques des vécus anciens.
L’énergie des émotions qu’il n’a pas pu exprimer se manifeste sous la forme de tensions physiques, de blocages, de comportements irrationnels, de réactions disproportionnées.
Ne vous est-il pas arrivé de dire ou de penser par exemple : « J’étais hors de moi » ou « je ne me suis pas reconnu dans ma réaction » ou « c’est comme si ce n’était pas moi qui avait dit ou fait cela »… En effet, dans une situation que le cerveau identifie comme ressemblant à une situation du passé, le vécu enfoui vient s’associer à la situation présente, un peu comme un « passager clandestin », décuplant ainsi la charge émotionnelle. L’enfant intérieur essaie d’attirer notre attention, il se manifeste comme il peut, car il a besoin d’être reconnu, d’être entendu et d’être aimé. L’ignorance de cet enfant blessé entretient sa souffrance, nous fait souffrir et fait souffrir notre environnement.
Enfant intérieur, conditionnements et croyances
Dès notre plus jeune âge, pour satisfaire les attentes supposées et les demandes des adultes qui nous entourent, nous nous adaptons, nous adoptons des « stratégies relationnelles ». En effet, l’enfant, animé par un besoin vital d’amour et d’attention, met tout en œuvre inconsciemment pour obtenir cet amour au détriment de l’expression de soi et de ses émotions, et donc du respect de soi. Notre personnalité prend racine dans ces « conditionnements » acquis et renforcés au fil des expériences, laissant de côté une partie de notre élan vital, de notre spontanéité, de notre créativité.
Les conditionnements s’accompagnent de croyances sur soi, sur les autres et sur la vie en général qui nourrissent notre mental et alimentent ces histoires qui tournent en boucle dans notre tête (« tu n’es pas à la hauteur », « tu n’es pas aimable », « la vie, c’est dangereux », « il faut se méfier des autres »…). Une des croyances principales est que l’amour est conditionnel, et que pour être aimé, il faut rentrer dans un moule.
Ainsi, l’enfant devenu adulte continue inconsciemment à se contorsionner pour obtenir l’amour. Sans le savoir, l’adulte est dans un rôle de victime, qui réagit au lieu d’agir, qui subit en partie ses relations et sa vie, qui est sous le contrôle de son mental. Plutôt que de laisser s’exprimer de manière authentique ses désirs, ses envies, sa créativité, son intuition, ce qui vibre au fond de lui, il se critique, il se juge, il se culpabilise.
Comment renouer avec son enfant intérieur ?
Il est possible de revenir à son enfant intérieur, de prendre soin de lui, de commencer à laisser s’exprimer cette partie de soi oubliée, à se reconnecter à des ressources ignorées, à une joie profonde, à l’énergie de l’instant présent, à commencer à délester son « sac à dos » émotionnel, à l’aide par exemple des exercices qui suivent.
Néanmoins, si c’est difficile pour vous ou si des émotions fortes apparaissent, accueillez-vous avec bienveillance et acceptation. C’est peut-être le moment pour vous de vous faire accompagner sur la découverte de votre monde intérieur.
Reconnaître son enfant intérieur
Pour prendre soin de l’enfant en vous, la première étape est de le reconnaître, de reconnaître sa présence, lorsqu’il tente de vous parler par l’intermédiaire de votre corps, à travers vos émotions et vos réactions. Vous pouvez prendre l’habitude d’observer régulièrement ce qui se passe en vous, comment vous vous sentez, ce que vous éprouvez, sans juger, ni évaluer.
Vous allez constater, qu’en portant votre attention à l’intérieur de vous, en vous mettant en position d’observateur, vous vous laisserez de moins en moins embarquer par l’émotion, vous serez de moins en moins réactif. Et, petit à petit, vous allez devenir de plus en plus conscient de ce que vous ressentez, des messages que vous envoient vos émotions et à travers elles, votre enfant intérieur. Ainsi, vous commencez à vous relier à lui.
Parler à son enfant intérieur
Une fois que vous avez reconnu sa présence, vous pouvez ensuite aller à sa rencontre, en adulte aimant et bienveillant.
À tout moment, vous pouvez revenir à lui, le temps qu’il vous convient, même quelques minutes, en portant votre attention à l’intérieur de vous et en laissant de côté ce qui se passe autour de vous.
Commencer par vous ancrer dans l’instant présent, dans vos sensations, dans votre respiration. Demander à votre corps de se détendre. Vous pouvez éventuellement fermer les yeux si c’est cela qui vous convient. Quand votre respiration est paisible et votre corps détendu, vous pouvez parler à votre enfant intérieur. Pour vous aider, vous pouvez laisser venir l’image de la petite fille, du petit garçon, avec ses grosses peines d’enfant, ses petits bonheurs, ses larmes, ses rires. Avec empathie et amour, vous pouvez l’accueillir dans ce qu’il a vécu. « Je sais que tu es là, je vais prendre soin de toi à partir de maintenant. J’ai compris combien tu as souffert, combien, par moment, tu t’es senti seul, démuni, triste, incompris, abandonné, rejeté, impuissant… ». Et laissez venir les mots qui émergent petit à petit. Si vous êtes plus à l’aise avec l’écriture, vous pouvez choisir de lui écrire une lettre.
Si des émotions apparaissent, vous les accueillez sans jugement et vous pouvez consoler l’enfant intérieur, comme vous le feriez en tant qu’adulte chaleureux et aimant. Si votre petite voix commence à vous « raconter des histoires », revenez tranquillement à votre respiration.
Partager un moment de joie avec son enfant intérieur
Pour renouer avec cette petite fille qui faisait de la balançoire, avec ce petit garçon qui sautait dans les flaques, avec ce jeune ou cette jeune qui voulait explorer et réinventer le monde, pour recontacter cette énergie fraîche et cette joie profonde, vous pouvez inviter régulièrement l’enfant intérieur à venir partager et savourer des moments agréables avec vous.
Vous pouvez le prendre par la main, l’emmener avec vous cueillir des fleurs, contempler un beau coucher de soleil, faire un jogging, sauter dans les vagues, escalader une montagne, danser, dessiner…
Vous allez petit à petit recontacter votre âme d’enfant, retrouver le regard capable de s’émerveiller de tout, l’élan du cœur et la spontanéité (« Chiche ! »), la joie simple et sans cesse renouvelée de l’enfant qui est capable de se réjouir inlassablement de glisser sur le toboggan comme si c’était la première fois.
Consoler son enfant intérieur
Lorsque vous vous sentez envahi par une sensation physique ou une émotion disproportionnée, plutôt que de vous laisser emporter par elle ou de vous distraire pour la fuir, ce qui a en général tendance à la renforcer, vous pouvez vous arrêter, revenir à votre corps et vous concentrer sur votre respiration.
Quand votre respiration s’apaise, que votre corps commence à se détendre, vous pouvez reconnaître la souffrance qui est en vous (« Tiens, il y a de la peur, de la colère, de la tristesse en moi »), puis lui faire toute la place avec bienveillance (« J’accueille cette émotion »), tout en restant bien ancré dans votre respiration.
Vous pouvez ensuite parler à votre enfant intérieur et le consoler. Vous pouvez lui montrer que vous être un parent attentionné aimant qui accueille et qui respecte ce qu’il ressent, qui se soucie de ses besoins. Vous pouvez imaginer que vous l’entourez de douceur, de tendresse, d’amour, que vous le prenez dans vos bras. Vous pouvez sentir comment il se sent apaisé dans vos bras. Vous pouvez terminer par des mots réconfortants : « A partir de maintenant, tu ne seras plus jamais seul, je serai toujours là pour toi…».
Accueillir les émotions permet petit à petit de réduire leur intensité et de commencer à apprivoiser cette partie blessée en vous.
C’est sur ce chemin de reconnaissance de la souffrance en nous, d’acceptation de la situation et de ce que nous éprouvons, que nous pouvons commencer à cesser d’accuser le monde extérieur, les événements et les personnes et ainsi arrêter de subir en devenant de plus en plus responsable de ce que nous vivons. Et ainsi, retrouver notre liberté intérieure, la joie de vivre et l’amour.
Belle découverte !